LE TANNAGE

Le but du tannage est de rendre les peaux imputrescibles.
Pour cela, on utilise des tanins, qui sont des molécules de tailles et de constitutions variables mais qui ont en commun une fonction polyphénol. Cette fonction polyphénol à la particularité de faire précipiter les protéines. Par exemple, dans le vin, c’est cette réaction chimique qui crée le dépôt solide au fond de la bouteille. Dans le cuir, cette réaction chimique crée un composé insoluble et imputrescible qui s’agglomère autour des fibres de collagène et ainsi les protègent de la pourriture.

De nos jours, il existe 2 grandes familles de tannage :

Les tannage dit “MINERALS” utilisent le plus souvent des agents tannants provenant :

  • des sulfates basiques de chrome autrement appelée Chrome 3. Ils représentent 80 à 85% de la production mondiale de cuir. C’est avec ce processus de tannage au chrome que l’on obtient le fameux cuir “wet blue”.
  • des sels d’aluminium. Ils permettent d’obtenir un cuir compact et solide avec de très bonnes propriétés de teinture (le cuir étant blanc après tannage).
    Ils représentent moins de 5% de la production mondiale actuel.
  • Les sels de zirconium. Encore plus rares.
    On les utilise sur les peaux qui manquent de densité (peaux creuses) car ils ont un effet de remplissage de la structure fibreuse.

Le tannage au Chrome est de loin le plus répandu, car il est rapide (24H maximum), économique et il confère des caractéristiques au cuir, comme la souplesse et l’élasticité, qu’il n’est tout simplement pas possible de reproduire avec un autre tannage.

Mais il est souvent pointé du doigt, car le Chrome 3 peut, sous certaines conditions, s’oxyder en chrome 6 classé parmi les agents CMR qui peuvent provoquer de sérieux problèmes de santé, en plus des problèmes d’eaux usées chargées en métaux lourds qu’il produit.

En France, entre autres, les tanneries sont soumises à une réglementation stricte au sujet des conditions de travail (protection, ventilation des pièces, stockage des produits chimiques etc), et de leur l’impact sur l’environnement, notamment en matière de rejet de matières dangereuses dans l’eau. Par exemple, certaines tanneries fonctionnent avec une eau en circuit fermé et possède leur propre station de traitement des eaux usées. Mais c’est loin d’être le cas partout. Actuellement, sur les 80% de la production mondiale de cuir que représente le tannage au chrome, une grande partie est, malheureusement, fabriquée sans aucun respect pour l’Homme et l’Environnement.

Les tannages dit « VEGETALS » sont des procédés lents qui utilisent des tanins issus de végétaux (chêne, mimosa, pin, sumac, queracho ect). Selon le résultat souhaité, le type de tannins et la durée permettent de jouer sur le degré d’imperméabilité, de résistance et de souplesse du cuir. Le tannage végétal dure entre 3 et 18 mois. Ce processus est beaucoup plus lent, car les agents tannants végétals pénètrent lentement dans la peau. Il faut donc faire passer les peaux dans une série de bains, en cuves ou en foulons, contenants des solutions en tanins de plus en plus concentrées. Car, si l’on immerge les peaux directement dans une solutions trop concentrées en tanins, on obtiendrait un tannage très poussé en surface et les tanins ne pourraient pas pénétrer en profondeur. Un peu à la manière d’un gâteaux, cuit dans un four trop chaud : brulé en surface mais resté cru à coeur.
Contrairement aux idées reçues, les conséquences sur l’environnement du tannage végétal ne sont pas négligeables, non plus. En cause : l’abattage d’arbres en grande quantité et les traitements qui permettent d’en extraire les extraits tannants ainsi que d’en améliorer leur réactivité.

Cela dit, la qualité des cuirs finis, quelque soit le type de tannage, dépend avant tout de la qualité des peaux brutes et du savoir-faire de la tannerie.

C’est la raison pour laquelle certaines grandes maisons passent des accords directement avec les abattoirs afin obtenir les meilleurs peaux brutes et rachètent des tanneries.