LES ORIGINES DU CUIR / LA DECOUVERTE DU TANNAGE ET SES EVOLUTIONS

Les premières traces de travail du cuir remontent à l’homme de Neandertal, il y a environ 50 000 ans. L’Homme préhistorique étant carnivore, les peaux des animaux consommés pour leur viande, sont rapidement devenues l’une de ses premières ressources disponible. Il commence, alors à utiliser ses peaux de bêtes pour se vêtir, construire son habitat puis se chausser. Il a donc naturellement très tôt acquis des techniques de tannage, sans quoi, rappelons-le, une peau non traitée met très peu de temps à entrer en putréfaction.

Les premières productions de cuir ont pu être attestées de manière indirecte, par les archéologues, grâce à la découverte de divers outils prouvant que l’homme de Neandertal récupérerait les peaux d’animaux pour les travailler. Les indices les plus souvent trouvés sont des pointes en os, permettant de percer les peaux, ainsi que des côtes de cervidés, servant de grattoirs.

La première découverte d’importance fut le tannage à la fumée. Par expérience, l’Homme réalisa que les peaux qui servaient à recouvrir les cabanes était naturellement, lentement, tannée par la fumé des foyers et devenaient plus résistante.
A cette époque, la peau était tannée en conservant le poil ou la laine et servait uniquement à l’habillement ou à l’isolation de l’habitat.

Vers 10 000 ans avant JC, l’Homme découvre le tannage végétal en constatant que les dépouilles des animaux qu’il laisse, après la chasse, au pied de certains arbres, ou là où se sont accumulés bois et écorces, se conservent mieux que les autres.

A l’époque du néolithique (8500 ans avant notre ère) apparaît le tannage « à l’huile ». Cette technique consiste à remplacer l’eau et les fragiles liaisons grasses présentes à l’intérieur de la peau, par des liaisons grasses plus stables issu très souvent de la matière cérébrale ou de la moelle osseuse. Le cuir obtenu, après ce processus de tannage, est alors bien plus souple et relativement résistant à l’eau. Ötzi, l’homme des glaces retrouvé dans les Alpes, est le digne représentant de cette époque. Ses chaussures, son pagne,sa ceinture et ses jarretières étaient en cuir de cerf, fin et souple.

Ainsi, le cuir grâce à sa souplesse, sa robustesse, et sa bonne isolation thermique, devient le matériau idéal pour la protection du corps. Et, il est utilisé partout dans le monde pour confectionner des souliers, des vêtements, des accessoires militaires, des harnais, etc.

En premier lieu, les Egyptiens ont utilisé le cuir lors de la confection de nombreux objets. La tombe de Toutankhamon, par exemple, à mis au jour certains objets issus du travail du cuir : vêtements, carquois, sandales, sièges, …

Par la suite, à la fin du IIIe millénaire avant notre ère, en Mésopotamie, la ville d’Isin était connue pour avoir développé un grand savoir-faire autour de l’artisanat du cuir. Et c’est là que les premières armures de cuir ont faites leur apparitions.

A cette même période les Mehrgarh au Pakistan utilisent du cuir pour « l’appliquer » à leurs bateaux.

Les Sumériens, eux, trouvèrent une autre utilisation militaire du cuir en l’appliquant sur les roues des chars.

Puis, les grecs et les romains contribuèrent au développement du tannage et cette fois-ci de manière plus industrielle, en utilisaient notamment de grandes cuves pour travailler le cuir. Et, à Rome, l’urine des toilettes publiques était collecté pour les artisans tanneurs de la ville.

Au VIIIe siècle, les sarrasins, tentant de conquérir l’Espagne, apportent une nouvelle méthode, dite du tannage à l’alun. Ce minéral, qui à la propriété de se fixer sur le collagène, sera employé jusqu’à la fin du Moyen Âge. Bien que le cuir produit ainsi soit assez peu résistant à l’eau, il est d’une grande souplesse et est d’une exceptionnelle blancheur. L’alun a aussi la faculté de rendre le cuir aussi aisément teintable qu’un tissu.

En 1160, les tanneurs, afin de garantir la continuité des techniques utilisées dans leur métier et de répondre au mieux à une demande grandissante, se rassemblent en corporations. Présents dans de nombreuses cités, ils ne pouvaient cependant exercer leur métier que dans des quartiers bien délimités et souvent à l’écart de la ville car le processus de tannage étaient considérées comme  » nauséabonds « . Le tannage était ainsi relégué dans les faubourgs ou aux alentours de la ville. D’ailleurs, on trouve encore aujourd’hui, dans de nombreuses villes française cet héritage où des rues portent le nom de « rue des tanneurs ».

Le XIXème siècle marque un tournant pour le tannage, la découverte par des scientifiques de la solution de Cr (III) en 1840 va permettre le tannage au Chrome qui est plus rapide et moins coûteux. La première application du tannage arrivera au début XXème siècle mais 1840 marque le début d’une nouvelle ère avec le premier brevet lié à une technique de tannage mais aussi l’apparition de nouveaux outils. Au début du XXème siècle dans les tanneries, le développement de l’utilisation du chrome appliqué au tannage et la démocratisation de l’industrie vont créer une nouvelle dynamique. On va assister à l’essor des grandes industries de tannage et indirectement, à la disparition de la quasi-totalité des petites entreprises de tannage  dit « ateliers-familiaux ».